Lutte contre la tuberculose : intensifier la communication de masse et rendre le dépistage systématique !
Avec une incidence actuelle de 175 cas pour 100 000 habitants, la tuberculose reste un problème majeur de santé publique en Guinée, comme dans de nombreux pays en voie de développement. Inscrite parmi les priorités sanitaires nationales depuis 1990, la Guinée peine encore à garantir une prévention efficace contre cette maladie et à maîtriser la chaîne de contamination, en dépit des avancées enregistrées en matière de diagnostic et de prise en charge.
Pneumologue au service de pneumologie de l’Hôpital national Ignace Deen et enseignante-chercheure à l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry, Dr Oumou Hawa Diallo estime que :
« Pour une prévention plus efficace de la tuberculose et une meilleure maîtrise de la chaîne de contamination en Guinée, l’État doit impérativement miser sur la sensibilisation, à travers une large communication de masse sur les signes et symptômes de la maladie ainsi que ses mesures préventives, tout en rendant systématique le dépistage dans nos familles, écoles et lieux de travail. Il faut également inciter la population à se faire traiter.»
Selon Dr Diallo, le dépistage est essentiel dans la lutte contre la tuberculose en Guinée. S’il est rendu systématique, cela permettra de maîtriser la chaîne de contamination et d’assurer une prise en charge plus rapide et plus efficace. Lorsqu’un cas est détecté dans une famille ou un lieu quelconque, tout l’entourage doit être dépisté de manière systématique afin de prévenir la propagation et de prendre en charge les personnes contaminées. L’État doit également s’investir davantage dans les campagnes de sensibilisation et de dépistage sur l’ensemble du territoire national, et ce, de façon continue.
« Lorsque la tuberculose n’est pas diagnostiquée à temps, elle provoque de graves lésions pulmonaires chez le patient. Même après guérison, ces patients peuvent garder des séquelles respiratoires à vie. De plus, sans le savoir, ils peuvent contaminer d’autres personnes dans leur entourage, ce qui favorise la propagation de la maladie. C’est exactement ce qui se passe chez nous, et cela complique la lutte contre la tuberculose », souligne-t-elle.
En 2021, l’OMS a notifié 42 554 cas présumés de tuberculose en Guinée, ayant bénéficié d’un dépistage bactériologique. Parmi eux, 18 960 cas ont été confirmés, avec un taux d’incidence estimé à 179 pour 100 000 habitants. Depuis, la chaîne de contamination ne cesse de s’amplifier à un rythme préoccupant.
Pour mieux prévenir la tuberculose en Guinée et sensibiliser la population à l’importance du dépistage et de la prise en charge précoce, Dr Oumou Hawa Diallo recommande :
1. Une communication de masse, à travers des émissions en langues locales, des spots publicitaires et des panneaux d’affichage, afin d’informer les communautés sur les signes de la maladie, les orienter vers un traitement adapté et les sensibiliser aux mesures préventives ;
2. L’organisation de campagnes continues de sensibilisation et de dépistage au sein des communautés ;
3. Le renforcement de la décentralisation de la prise en charge de la tuberculose, à travers l’instauration et l’équipement de services de pneumologie dans les zones rurales ;
4. L’implication des populations, via les agents de santé communautaires, dans la sensibilisation et la détection des cas de tuberculose.
La tuberculose, parfois appelée simplement « TB », est une maladie infectieuse due à une mycobactérie appelée Mycobacterium tuberculosis, aussi connue sous le nom de bacille de Koch (BK). Elle atteint le plus souvent les poumons (tuberculose pulmonaire), mais peut également toucher d’autres organes comme la peau, les yeux, l’estomac, le péritoine, le cœur ou encore les os.
On distingue deux formes de tuberculose :
L’infection tuberculeuse latente (ITL) ;
La tuberculose-maladie, qui est la forme active et contagieuse.
Les symptômes les plus fréquents sont : fièvre, perte d’appétit, amaigrissement, sueurs nocturnes, et surtout une toux prolongée. Le bacille de Koch se transmet par les micro-sécrétions projetées dans l’air par une personne malade, notamment lorsqu’elle tousse, parle, chante ou éternue.
Morlaye KÉÏTA
610-12-08-05