Éclairage-Santé*: Incompréhension des patients face aux réformes de gestion à l’hôpital National Donka*

Depuis sa rénovation, le CHU Donka, l’un des plus grands hôpitaux de Guinée, ne désemplit pas de patients. Cependant, beaucoup se plaignent de la cherté des soins et des frais d’hospitalisation. À cela s’ajoutent de nouvelles mesures comme la restauration obligatoire et l’instauration du service obligatoire des aides-soignants pour veiller sur les patients hospitalisés, en lieu et place des membres de leur famille. Des changements auxquelles les populations ne sont pas encore habituées.

Pour comprendre les raisons de ces nouvelles mesures et leur bien-fondé, notre rédaction a rencontré Naby Yaya Camara, conseiller en communication de l’Hôpital National Donka.

 

*Journaliste : Depuis la rénovation de Donka, l’affluence ne cesse de croître, mais les patients se plaignent de la cherté des prix. Comment sont fixés les tarifs de consultation, d’hospitalisation et des soins selon la nouvelle politique ?*

*Naby Yaya Camara :*

L’Hôpital National Donka demeure un hôpital public, malgré certaines perceptions erronées. Notre mission principale est de fournir des soins spécialisés de qualité à des tarifs sociaux, accessibles à tous les citoyens. Avant de mettre en place cette nouvelle politique tarifaire, nous avons mené une analyse comparative avec d’autres établissements publics de même niveau. Cette étude nous a permis de fixer des prix inférieurs à ceux de ces autres structures similaires.

Par exemple, une consultation spécialisée chez nous coûte 70 000 GNF, un tarif plus bas que celui pratiqué ailleurs. De plus, une fois ce montant réglé, le patient bénéficie d’un suivi gratuit pour la même pathologie pendant un mois. Aucun frais supplémentaire n’est demandé durant cette période.
Au-delà de ces tarifs sociaux, nous nous engageons également dans une démarche solidaire en prenant en charge gratuitement certains patients en difficulté de paiement ou ceux dont les proches sont introuvables. Dans ces cas, nous exonérons jusqu’à 100 % des frais médicaux. En outre, l’État contribue via le Fonds de Développement Social et de l’Indigence, qui couvre les frais de nombreux patients démunis dans notre hôpital. Nous offrons aussi la possibilité d’échelonnement des paiements pour ceux qui en ont besoin. Par ailleurs, des écrans d’information sont installés dans chaque service pour informer les patients sur les tarifs pratiqués.
En résumé, l’accès aux soins est un droit fondamental. Nous accordons toujours la priorité aux soins avant toute considération financière, tout en assurant une transparence totale pour garantir à chaque Guinéen un accès équitable aux services de santé.

*Journaliste : Quelles démarches doivent suivre les patients pour bénéficier de la politique d’exonération ?*

*Naby Yaya Camara :*

Les démarches ne sont pas complexes. La première étape consiste en une analyse du dossier par l’Administrateur Général, après consultation des différentes directions concernées, notamment la Direction Médicale, la Direction des Soins Infirmiers, et la Direction des Affaires Financières. C’est à l’issue de cette évaluation que la décision de prise en charge d’un patient est prise.
Par exemple, nous avons pris en charge gratuitement des interventions chirurgicales pour des enfants et d’autres personnes en situation de précarité, souvent référées par des ONG ou d’autres tiers. Nos Coordinateurs Cliniquo-administratifs sont responsables de l’accueil de ces demandes. Toutes les requêtes sont ensuite centralisées et transmises aux directions concernées pour traitement.

*Journaliste: Pourquoi les patients se plaignent-ils de la cherté des factures à Donka ?*

*Naby Yaya Camara :*

Tout d’abord, il s’agit d’un nouveau système auquel les gens doivent s’adapter. Par le passé, ils étaient habitués à un modèle de paiement fragmenté : chaque acte de soin devait être réglé avant qu’il ne soit effectué. Nous sommes tous conscients des conséquences néfastes que ce système a engendrées. Aujourd’hui, à Donka, nous avons changé d’approche. Tous les soins nécessaires sont prodigués dès l’admission, et la facture n’est présentée qu’après la guérison du patient. De plus, nous offrons la possibilité aux patients de contester la facture s’ils estiment qu’il y a une erreur. Un bureau de gestion des litiges est à leur disposition pour traiter ces contestations, et des boîtes à suggestions sont également installées pour recueillir les retours des patients, afin de continuer à améliorer nos services. Nous sommes pleinement engagés dans une démarche de qualité.

*journaliste : Comment rassurez-vous la population face à ces changements ?*

*Naby Yaya Camara :*

L’une des réformes majeures introduites par la nouvelle équipe de gestion du CHU Donka est la création d’un Service de communication dédié à informer, sensibiliser et rassurer la population sur les services offerts par l’hôpital, ainsi que sur d’autres aspects importants. De nombreuses fausses informations circulent concernant Donka, et il est essentiel de ne pas accorder de crédit à ces rumeurs. Nous avons mis en place divers canaux de communication pour permettre aux citoyens de nous contacter facilement. Des numéros de téléphone sont disponibles, et nos plateformes sur les réseaux sociaux sont ouvertes à toutes les plaintes ou demandes d’information. Nous avons également installé des boîtes à suggestions pour recueillir les avis des usagers. Nous encourageons vivement les journalistes à sensibiliser la population à l’importance de ces outils et à utiliser ces moyens pour obtenir des informations fiables.

*Journaliste : Combien coûtent les frais d’hospitalisation par jour à Donka ?*

*Naby Yaya Camara :*

Les frais d’hospitalisation varient entre 50 000 et 100 000 GNF, en fonction des chambres. Nous proposons des chambres allant de 6 lits à des chambres individuelles, les plus chères étant à 100 000 GNF, avec tout le confort, y compris la climatisation, la fourniture du linge, et les repas.

*Journaliste : Pourquoi avoir instauré le recours obligatoire aux aides-soignants, alors que les accompagnants prenaient soin des malades auparavant ?*

*Naby Yaya Camara:*

Les aides-soignants figurent parmi les nouvelles catégories professionnelles que nous avons recruté au sein du CHU Donka. Ils sont formés pour offrir des soins de qualité aux patients. Leur présence garantit que les soins de base, comme l’hygiène, l’alimentation, et l’assistance dans les mouvements des patients, sont réalisés selon des normes médicales. Cela permet de minimiser les risques d’infections nosocomiales et d’autres complications. Contrairement aux accompagnants, souvent des proches des malades sans formation médicale, les aides-soignants savent gérer les situations médicales et administratives courantes, assurant une meilleure sécurité pour les patients, surtout dans des contextes d’urgence ou de soins complexes. Cette mesure vise aussi à alléger le poids psychologique et physique pour les familles, qui n’ont plus à assurer des tâches souvent difficiles et épuisantes. Cela leur permet de se concentrer sur le soutien moral et émotionnel du patient. Le recours aux aides-soignants favorise une meilleure organisation au sein de l’hôpital.
Toutefois, une exception est faite pour les patients dans des états critiques (coma, démence, interventions chirurgicales complexes, etc.).

*Journaliste : Pourquoi avez-vous rendu obligatoire la restauration, est-elle incluse dans les frais d’hospitalisation ?*

 

*Naby Yaya Camara :*

La décision de rendre obligatoire la restauration au sein du CHU Donka s’inscrit dans une démarche globale d’amélioration des services offerts aux patients hospitalisés. Il s’agit de garantir une alimentation saine, équilibrée et adaptée aux besoins médicaux de chaque patient, tout en assurant des normes de qualité et d’hygiène strictes.
L’alimentation joue un rôle crucial dans le processus de guérison et de rétablissement. En centralisant la restauration, nous nous assurons que les patients reçoivent des repas conçus selon des critères diététiques bien définis, ce qui n’était pas toujours garanti lorsque la nourriture était apportée de l’extérieur. Cela permet également de mieux surveiller les apports nutritionnels des patients et de prévenir les risques d’intoxication alimentaire. En ce qui concerne les frais d’hospitalisation, le coût des repas est séparé des frais médicaux et d’hébergement. Cependant, il a été fixé à des tarifs compétitifs, largement subventionnés par la concession, afin de rendre ce service accessible à tous, quelle que soit la durée de l’hospitalisation. Les patients reçoivent ainsi des repas de qualité, à un coût très raisonnable, tout en bénéficiant du confort et de la sécurité de notre établissement.

 

Morlaye KEITA/prescrireguinee.info

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