La Radiologie Interventionnelle est une technique au cœur de la médecine moderne qui révolutionne les pratiques médicales et chirurgicales. Elle représente une avancée majeure et occupe aujourd’hui une place incontournable dans la pratique médicale. Offrant des solutions modernes, moins invasives, plus sûres et avantageuses, son intégration effective dans nos systèmes de santé africains reste un défi majeur. Pourtant, son adoption permettrait d’améliorer l’accès aux soins et de hisser les pays africains au rang des nations innovantes en matière de santé.
Spécialisé en Radiologie et imagerie médicale, Dr Ibrahima Poréko DIALLO nous en dit plus dans cette interview. Il est médecin exerçant au service de Radiologie et d’Imagerie Médicale, aux hôpitaux Parisiens.
Qu’est-ce que l’Imagerie ou la Radiologie Interventionnelle ?
Selon Dr Ibrahima Poréko DIALLO :
« La radiologie interventionnelle est une technique médicale qui utilise des méthodes d’imagerie comme la radiographie, le scanner, l’échographie et l’IRM pour guider des procédures mini-invasives afin de diagnostiquer et traiter diverses affections médicales. »
Quel est son rôle dans la pratique médicale et chirurgicale ?
La Radiologie Interventionnelle joue plusieurs rôles essentiels en médecine :
1. Un outil diagnostique performant, elle permet, grâce à diverses techniques, le prélèvement de tissus malades pour établir un diagnostic précis et parfois rapide.
« Par exemple, en cas de cancer du foie, à travers un guidage échographique ou scanographique procéder à un prélèvement de tissus et l’analyser par un anatomopathologiste afin de confirmer le diagnostic », explique Dr Ibrahima Poréko DIALLO.
2. Une approche thérapeutique moderne
Grâce à ses techniques avancées, la Radiologie Interventionnelle permet aujourd’hui la prise en charge de nombreuses pathologies, comme :
Les hémorragies post-partum (complications après un accouchement)
Les fibromes
Les varicocèles
Certains types de tumeurs
« En plus, elle réduit considérablement la durée d’hospitalisation, car elle repose sur des interventions mini-invasives, avec peu ou pas de cicatrices, un temps de rémission plus court et une réduction des coûts pour les patients et les systèmes de santé. »
Quels sont les défis à relever pour son intégration dans les systèmes de santé africains ?
Dans la majorité des pays africains, les systèmes de santé restent fragiles et peu adaptés à l’essor de la radiologie interventionnelle. Selon Dr DIALLO, plusieurs défis doivent être surmontés :
1. Un défi organisationnel
Les systèmes sanitaires africains doivent être réformés en profondeur, de la base au sommet.
2. Un défi logistique
Il est crucial de construire de nouvelles infrastructures conformes aux normes internationales et de les équiper avec des matériels de pointe.
3. Un défi de ressources humaines:
La formation de médecins spécialisés en radiologie interventionnelle doit être subventionnée.
« Il faut un minimum de 13 ans d’études après le baccalauréat pour maîtriser cette discipline exigeante. »
4. Un défi financier: Les équipements de Radiologie Interventionnelle sont extrêmement coûteux. Il est donc essentiel que les pouvoirs publics soutiennent financièrement cette spécialité pour permettre son accessibilité.
5. Un défi socioculturel : la réticence des populations
« Il est crucial de sensibiliser la population en collaborant étroitement avec les professionnels de santé pour lutter contre la désinformation. Il est indispensable d’éliminer les préjugés et d’encourager l’acceptation des techniques modernes de la radiologie interventionnelle », souligne Dr DIALLO.
Comment rendre ce service accessible à tous ?
L’accès aux soins de qualité reste un problème majeur en Afrique, notamment pour les populations à faibles revenus. Pour y remédier, Dr Ibrahima Poréko propose :
Un investissement accru des pouvoirs publics dans la construction et l’équipement des hôpitaux
La mise en place d’une caisse d’assurance maladie pour alléger le coût des soins
Appel aux autorités : une action urgente est nécessaire
Pour une modernisation efficace des systèmes de santé en Afrique, Dr Poréko appelle les autorités à :
Augmenter considérablement le budget de la santé, au moins 15 % selon l’accord d’ ABUJA.
Revaloriser considérablement les salaires du personnel médical
Veiller aux respects de l’éthique et la déontologie médicale
Organiser des États généraux de la santé
Investir massivement dans la formation des médecins sur les nouvelles avancées médicales
« L’avenir de la médecine en Afrique dépend de notre capacité à investir dans des technologies innovantes et à former une nouvelle génération de professionnels de santé qualifiés >> conclut-il
Morlaye KÉïTA
610-12-08-05