Précise Dr Souleymane BAH Épidémiologiste
En Guinée, la réticence face à la vaccination, ainsi que le non-respect du calendrier vaccinal chez la femme enceinte et chez l’enfant, restent de grands défis de santé publique à relever. Malgré son importance, nos populations peinent encore à adopter un comportement favorable à la vaccination, en se faisant vacciner et en vaccinant leurs enfants. Ainsi depuis des décennies, le pays fait face à un fardeau de maladies infectieuses et épidémiques évitables par la vaccination, ainsi qu’à un taux élevé de mortalité et de morbidité infantile. Il est donc crucial de sensibiliser les parents, les mères, les gardiens d’enfants, ainsi que les femmes enceintes, sur l’importance de la vaccination et de promouvoir l’adhésion au calendrier vaccinal au sein de nos communautés. Selon l’OMS, la vaccination permet d’éviter chaque année 2 à 3 millions de décès dus à des maladies telles que la diphtérie, le tétanos, la coqueluche et la rougeole, qui représentent des problèmes de santé publique dans notre pays. En renforçant les couvertures vaccinales, il serait possible de sauver 1,5 million de vies supplémentaires.
Pour mieux comprendre le rôle et l’importance du calendrier vaccinal, ainsi que sa place dans la prévention et la lutte contre les maladies à potentiel épidémiologique, voici pour vous, dans cette interview, les précisions de Dr Souleymane Bah, épidémiologiste.
**Journaliste :** Dr Bah, vous êtes un expert en santé publique et travaillez depuis 2010 dans des organisations humanitaires de santé. Actuellement, vous êtes spécialiste en surveillance pour Family Health International 360. Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est le calendrier vaccinal de l’enfant ?
**Dr Souleymane Bah :** Le calendrier vaccinal est un planning qui détermine les maladies pouvant être prévenues par la vaccination, ainsi que les vaccins associés. Il précise les tranches d’âge concernées, comme les nouveau-nés, les enfants, les adolescents, les adultes et même les personnes âgées. Il s’applique aussi à des groupes spécifiques, tels que les femmes enceintes, les voyageurs ou les personnes vivant dans des zones touchées par une épidémie. Ce calendrier fixe également les périodes de vaccination et de rappel.
**Journaliste :** Quels sont les avantages de ce calendrier pour l’enfant ?
**Dr Souleymane Bah :** Il permet de mettre en place un plan de vaccination pour offrir aux enfants une protection optimale contre les maladies infectieuses graves. Les vaccins administrés aux mères pendant la grossesse, ainsi que ceux donnés aux enfants dès leurs premiers mois, protègent contre des maladies comme le tétanos néonatal, la diphtérie, la coqueluche, la poliomyélite ou encore la rougeole, pour ne citer que celles-là.
**Journaliste :** Quelles pourraient être les conséquences d’un non-respect du calendrier vaccinal sur la croissance et le bien-être des enfants ?
**Dr Souleymane Bah :** Le non-respect du calendrier vaccinal expose l’enfant à des risques importants, surtout dans des environnements où les conditions d’hygiène sont souvent insuffisantes. Un simple contact avec un microbe, qu’il s’agisse d’un virus ou d’une bactérie, peut entraîner des maladies graves pouvant causer des handicaps permanents, comme la paralysie, la surdité, voire la dépression. Dans les cas les plus graves, cela peut même mener à la mort.
**Journaliste :** Quel est le rôle du calendrier vaccinal dans la prévention des maladies épidémiques en Guinée ?
**Dr Souleymane Bah :** Le calendrier vaccinal facilite le suivi des vaccinations de routine pour les enfants. En période d’épidémie, il sert également de guide pour organiser des campagnes de vaccination de riposte afin de prévenir la propagation de la maladie.
**Journaliste :** Selon vous, que faut-il faire pour améliorer la vulgarisation du calendrier vaccinal auprès de la population ?
**Dr Souleymane Bah :** Il est essentiel que le calendrier vaccinal soit traduit dans les langues locales et partagé avec les leaders religieux et communautaires. Leur implication dans la communication permettrait de dissiper les mauvaises interprétations autour des vaccins. De plus, les médias devraient jouer un rôle actif en créant des émissions dédiées à la santé pour informer la population sur des sujets essentiels comme la vaccination. À ce propos, je tiens à féliciter *prescrireguinee.info* et vous, Monsieur Keita, pour votre engagement constant dans la diffusion d’informations précieuses, aidant ainsi la population guinéenne à mieux prendre soin de sa santé.
**Calendrier de vaccination de routine chez l’enfant et la femme enceinte selon l’UNICEF et l’OMS.
Les six(6) rendez-vous du calendrier vaccinal chez l’enfant.
– 1er rendez-vous : À la naissance pour recevoir les vaccins BCG (contre la tuberculose) et VPO0 (dose initiale contre la poliomyélite).
– 2ème rendez-vous : À 1 mois et demi ou 6 semaines pour recevoir le Penta1 (contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, l’hépatite B et les infections à Haemophilus influenzae de type B) et le VPO1 (deuxième dose contre la poliomyélite).
– 3ème rendez-vous : À 2 mois et demi ou 10 semaines pour recevoir le Penta2 et le VPO2 (troisième dose contre la poliomyélite).
– 4ème rendez-vous : À 3 mois et demi ou 14 semaines pour recevoir le Penta3, le VPO3 et le VPI1 (première dose de la forme injectable contre la poliomyélite).
– 5ème rendez-vous : À 9 mois pour recevoir le VAR1 (première dose contre la rougeole), le VAA (contre la fièvre jaune) et le VPI2.
– 6ème rendez-vous : À 15 mois pour recevoir le MenA (contre la méningite) et le VAR2 (deuxième dose contre la rougeole).
Pour les femmes enceintes, le calendrier de vaccination recommandé comprend cinq rendez-vous :
– 1er contact : Lors de la première Consultation Prénatale (CPN) pour recevoir le Td1 (dose initiale contre le tétanos et la diphtérie).
– 2ème contact : 1 mois après le Td1 pour recevoir le Td2 (deuxième dose contre le tétanos).
– 3ème contact : 6 mois après le Td2 pour recevoir le Td3 (troisième dose contre le tétanos).
– 4ème contact : 1 an après le Td3 pour recevoir le Td4 (quatrième dose contre le tétanos).
– 5ème contact : 1 an après le Td4 pour recevoir le Td5 (cinquième dose contre le tétanos).
Morlaye KÉÏTA/prescrireguinee.info
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