Au cours de ces dernières années, la République de Guinée a été confrontée à de multiples épidémies soldées par de grands ravages et qui ont durement affecter la vie socio-économique de notre pays. Il s’agit notamment celles de la maladie à virus Ebola, de Marburg, de Lassa, de la fièvre jaune, de rougeole, de COVID-19, de la coqueluche, de la rage, de la diphtérie, de la poliomyélite…, de 2014 à 2024.
Bien que la surveillance épidémiologique se soit considérablement améliorée depuis 2014 avec l’avènement de l’épidémie d’Ebola qui a conduit à un renforcement de notre système de santé en matière de prévention et de gestion des épidémies, notre pays peine encore à s’en sortir. Nos autorités sanitaires ont du mal à empêcher pleinement les épidémies et se retrouvent le plus souvent face à des difficultés pour les contenir en empêchant leurs propagations quand elles sont déclarées.
La poliomyélite, la diphtérie, la coqueluche qui étaient déclarées éradiquées depuis des années ont refait surface depuis le debut de l’année 2023. Actuellement, le pays fait face à une épidémie de diphtérie. En 2023, le pays a enregistré 2240 cas suspects, dont 39 confirmés par analyse de laboratoire, 78 décédés, 1963 guéris. Au cours des cinq premières semaines de 2024 (du 1er janvier au 24 mars), les autorités guinéennes ont signalé 2316 cas suspects et 14 décès, soit une moyenne de 193 cas suspects par semaine aucours des 12 premieres semaines de 2024. Cela malgré les campagnes de sensibilisation et de vaccination.
Que se passe-t-il donc si le pays ne parvient pas à empêcher les épidémies et à mieux y faire face malgré un système de surveillance épidémiologique efficace ?
Aussi dangereuses qu’elles soient, la plupart des épidémies sont pourtant évitables par la vaccination et à travers des mesures d’hygiène alimentaire, physique surtout des mains, respiratoire et environnementale. Mais à en croire les spécialistes en santé publique, il sera très difficile de faire de la prévention contre les épidémies si la population n’est pas impliquée. Aucun système de surveillance épidémiologique, aucune politique préventive ne saurait réussir efficacement s’il n’y a pas une implication effective de la communauté à la base.
<< Le problème des épidémies doit interpeller tout le monde. C’est un problème qui concerne tout un chacun, non pas seulement l’État. Moi qui suis père de famille, il faut que je veille sur l’hygiène de mon milieu de vie de l’intérieur de ma maison à l’extérieur jusque devant ma cour, et à l’hygiène de vie de mes enfants. Il faut aussi que je veille sur la propreté de mon alimentation et celle de ma famille; que je veille à ce que mes enfants se lavent régulièrement les mains à l’eau et au savon avant chaque repas et après les selles en les éduquant sur l’hygiène, en mettant dans leur sac des petits morceaux de savon quand ils vont à l’école. Que je veille à ce qu’ils ne fréquentent pas des milieux défavorables à leur santé au risque de contracter des infections >> a indiqué Dr Souleymane BAH médecin en santé publique.
Au delà, il a aussi insisté sur l’ importance du rôle collectif en matière d’hygiène dans la lutte contre les épidémies:
<< Si je vielle à maintenir la propreté du “chez moi” et de ma devanture, il faut que mon voisin en fasse pareil et ainsi de suite. Il faut que chacun de nous évite de salir notre milieu social et environnement collectif. ça contribue à chasser les mouches, les moustiques qui sont certains vecteurs de beaucoup de maladies à potentiel épidémique >> a t-il affirmé !
Si une bonne hygiène alimentaire et environnementale à la fois individuelle et collective est indispensable pour la prévention et la lutte efficace contre les épidémies, il en est autant de la vaccination et du respect de l’utilisation des moustiquaires imprégnées.
<< La plupart des épidémies qui ont sévi en Guinée sont des épidémies évitables par vaccination. Si des épidémies comme la poliomyélite, la diphtérie, la fièrvre jaune… ont sévi chez nous, c’est parce qu’à la base les parents ne respectent pas le calendrier vaccinal de leurs enfants dans lequel est prévu des vaccins contre toutes ces maladies précitées et tant d’autres. Il est donc important que désormais, chaque parent veille au respect des prescriptions du calendrier vaccinal de son enfant en lui faisant prendre tous les vaccins prescrits dessus tout en lui faisant participer aux campagnes nationales de vaccination à chaque fois que sa tranche d’âge est concerné. Ce n’est pas seulement une affaire des mères. C’est encore une situation qui demande l’implication des pères, des tuteurs. C’est seulement ainsi que l’on peut protéger la vie de notre enfant d’éventuelles cas d’épidémies>>. A martelé Dr Souleymane BAH médecin en santé publique !
<<En gros , observer une bonne hygiène alimentaire en évitant les aliments découverts dans les marchés, exposés aux mouches et à la poussière par exemple le pain, les galettes, les brochettes, …; laver au savon les fruits et légumes avant consommation; veiller à l’hygiène de notre milieu social et environnemental; recourir aux moustiquaires afin de se mettre à l’abri des moustiques ; se vacciner et se faire vacciner à temps serait la meilleure façon de prévenir les maladies infectieuses en Guinée. Mais l’État aussi doit accompagner la population en mettant en place des grandes poubelles publiques au niveau des marchés, des écoles, des zones peuplées, les grands carrefours, ….où la population pourrait facilement deposer les ordures pour la collecte, des camions qui vont reprendre la poubelle chargée et laisser une poubelle vide à la place à une périodicité rapprochée, l’État doit aussi penser aux habitants des gros dépotoirs d’ordures comme à Dar es salam >>. Insiste Dr Souleymane Bah.
Il faut que la population s’implique activement en arrêtant surtout d’être retissant face aux vaccins.
Morlaye KEÏTA / prescrireguinee.info
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