Interview -Dr Mohamed Lamine Dramé : Candidat Potentiel au poste de directeur régional de l’OMS pour l’ Afrique ! 

Médecin de formation, expert en santé publique, chercheur et consultant international, Dr Mohamed Lamine Dramé cumule plus de 35 ans d’expérience dans les systèmes de santé africains. De la pratique clinique à Mamou à des responsabilités stratégiques à l’OMS à Genève, il a parcouru un itinéraire exceptionnel, tissant des ponts entre la médecine, la diplomatie sanitaire et l’expertise technique. En prélude à la session extraordinaire du Comité régional de l’OMS prévue à Genève le 18 mai 2025, il se confie à prescrireguinee.info.

prescrireguinee.info : Docteur Dramé, vous êtes candidat au poste de Directeur régional de l’OMS pour l’Afrique. Qu’est-ce qui fonde cette candidature ?

Dr Dramé : J’ai été proposé par l’État guinéen au regard de mon profil professionnel. Je suis médecin, diplômé de l’Université de La Havane, spécialiste en santé publique avec deux maîtrises en épidémiologie/bio-statistique et en organisation/gestion des systèmes de santé, un doctorat académique (PhD) en Health Policy & Global Health, et plus de 35 ans d’expérience dans les politiques de santé.

Vous avez travaillé en Guinée et à l’international. Pouvez-vous nous en dire plus ?

J’ai été médecin à Mamou, Directeur préfectoral de la santé à Faranah et N’Zérékoré, puis Inspecteur régional en Guinée forestière. J’ai aussi travaillé pour la coopération internationale : GIZ, Enabel, OMS, Banque mondiale, Union européenne, BAD, GAVI, Fonds mondial dans les régions et zones linguistiques de l’Afrique. J’ai aussi coopéré avec tous les autres cinq bureaux régionaux de l’OMS du monde.

À Genève, j’ai été au siège de l’OMS, avant de revenir en Guinée en 2018, où j’ai créé “SUCCESS-IN-AFRICA” et l’ONG “GUINÉE SUCCESS”.

Quels projets avez-vous initiés depuis votre retour en Guinée ?

Je  peux citer certaines initiatives :

1. J’ai conçu avec des collègues de notre cabinet deux diplômes d’université (assurance qualité et gestion hospitalière)

2. J’ai conduit l’analyse du niveau de préparation de la Guinée pour la mise en œuvre de la Couverture Santé Universelle dans notre pays

3. J’ai assuré la coordination technique de la rédaction du Plan national de réponse aux urgences sanitaires

4. J’ai piloté d’autres études comme la faisabilité de l’assurance maladie en Guinée, la cartographie des dépenses de santé (2015-2025)

5. J’ai coordonné l’équipe multinationale de l’évaluation externe du Plan National de Développement Sanitaire (PNDS 2015-2024)

6. J’ai dirigé le processus d’élaboration du nouveau PNDS 2025-2034 de la Guinée. Ce plan (qui est actuellement à sa phase finale) intègre les priorités du programme « Simandou 2040 » dont l’un des piliers est la santé et le bien-être.

Quelle est votre vision pour la santé en Afrique ?

Ma vision pour la santé en Afrique est transformationnelle. Il nous faut une Afrique plus forte en santé, une Afrique qui évolue de succession de crises à la souveraineté sanitaire. Cette vision est basée sur cinq piliers :

1. Refonder les soins primaires : la base de la souveraineté sanitaire

2. Un New Deal pour le financement de la santé en Afrique

3. Construire des systèmes résilients et protéger les services essentiels

4. Mieux servir les États membres : une OMS agile, ancrée et à l’écoute

5. Une diplomatie de la santé proactive, pour repositionner l’Afrique

Cette vision sera soutenue par un leadership enraciné dans l’Afrique et ouvert au monde.

Je propose aussi une conférence panafricaine sur la coopération en santé pour aligner les politiques, mutualiser les efforts et intégrer les approches régionales.

Et pour faire face aux épidémies, quel est votre plan ?

Renforcer la protection des professionnels de santé, la résilience des structures rurales, développer les systèmes de veille et d’alerte, digitaliser l’offre de soins avec l’e-santé et l’IA, mieux intégrer les risques climatiques, et coordonner les actions avec l’OMS, l’Union Africaine, le CDC Afrique et les États membres.

Un dernier mot ?

Dr Dramé : je crois au potentiel du continent. Il faut donner plus de place aux Africains dans la définition de leurs politiques sanitaires. Je suis prêt à porter cette ambition avec rigueur, ouverture d’esprit et aux initiatives venant d’ailleurs avec la contextualisation nécessaire.

 

Morlaye KÉÏTA 

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